Des dauphins se meurent dans d’étroites cages en Haïti. One Voice, alertée au sujet des agissements d’une entreprise espagnole qui finance les captures de ces animaux, a envoyé Ric O’Barry sur place. Le permis de capture de ces dauphins a été délivré par le précédent ministre de l’Agriculture, juste avant que ne surviennent les émeutes qui ont ensanglanté l’île. Aujourd’hui, ce permis doit être annulé par le nouveau gouvernement et les dauphins relâchés. C’est ce à quoi travaille One Voice. Et il y a urgence.
Alerte de l’ensemble des associations
Nous avons été contactés le 18 mai, par un informateur local. Notre spécialiste en mammifères marins, Ric O’Barry, s’est immédiatement rendu en Haïti. Nous avons décidé, vu la gravité des faits d’alerter l’ensemble des organisations internationales de protection des animaux. Nous leur avons demandé d’écrire au ministre de l’Environnement, M. Yves André Wainwright, lui demandant de saisir les dauphins et de leur permettre de retourner à la vie sauvage.
Entretien prometteur
Une rencontre a eu lieu le 22 mai, entre M. Wainwright et Ric O’Barry. Il se trouve que M. Wainwrigth a vécu en exil en Floride durant neuf ans, où il a eu l’occasion de connaître le travail de Ric. L’entretien en a été d’autant plus profitable. Le ministre a demandé à Ric d’inspecter les enclos. « J’ai besoin que quelqu’un qui connaisse les dauphins et puisse me dire s’ils sont correctement installés » a indiqué le ministre. Ric a été officiellement mandaté, au nom de One Voice, par le gouvernement haïtien pour vérifier les installations. Selon le rapport qu’établira Ric, le gouvernement haïtien prendra ou non la décision de confisquer les dauphins, afin de les remettre en liberté. La chaîne de télévision API (Associated Press International) a également envoyé une équipe sur place.
Aucune étude préalable
Au cours de l’entretien plusieurs points importants ont été soulevés. Le 22 décembre 2003, un permis de capturer 10 dauphins a été accordé à la compagnie haïtienne « Action Haïti », dirigée par M. José Roy. Cette autorisation a été émise sans qu’aucune étude sur la population de dauphins ne soit préalablement réalisée. Ce seul fait est susceptible de remettre le permis en question, selon le nouveau ministre de l’Environnement. Ce permis stipule que les 10 dauphins ne peuvent être vendus, ni exportés hors d’Haïti. Ils peuvent seulement servir à des actions « d’éducation et de tourisme » dans l’île. Or, il y a peu de tourisme en Haïti, en raison des récents évènements, et la nourriture coûte cher. « Action Haïti » a donc tout intérêt à obtenir un nouveau permis pour vendre ses dauphins à l’étranger. Déjà des dresseurs mexicains ont été contactés par cette société et sont en Haïti. Il se pourrait que les animaux soient envoyés au Mexique ou en République dominicaine.
Aspect sinistre
Le lendemain de cette entrevue, le 23 mai, Ric O’Barry arrive sur les lieux de détention. Le directeur d’ “Action Haïti” s’est montré d’emblée fort peu coopératif. Il a tout d’abord refusé l’accès aux dauphins. L’intervention de la police a permis de régler le problème et l’inspection a pu commencer. Les installations présentent un aspect sinistre. Six dauphins sont entassés dans des cages grossières et de petites dimensions. Ce sont tous des mâles. La plupart sont blessés. Ils se sont battus entre eux, en raison de l’exiguïté des lieux. Les animaux sont agités. Ils ont été séparés de leur groupe au cours de leur capture. Certains portent encore les marques des mauvais traitements qui leur ont été infligés à cette occasion.
Enclos inadaptés
Les enclos sont totalement inadaptés. Leur profondeur est si faible que les dauphins subissent les rayons du soleil la journée entière. Or, la peau des dauphins n’offre aucune protection contre les rayons ultraviolets. Ces animaux n’en n’ont pas besoin dans la nature car ils passent 80% de leur temps sous l’eau. En captivité, ils souffrent de coups de soleil qui les font souffrir et peuvent s’infecter.
Animaux morts
Bien qu’elle ait obtenu un permis de capturer 10 dauphins, « Action Haïti » n’en détient que 6. José Roy a expliqué que huit animaux avaient été capturés, mais que deux étaient morts depuis lors. Il n’a pas été possible de vérifier cette assertion. Il se peut que plus de deux dauphins aient péri en réalité, ou bien qu’aucun ne soit mort et que les deux animaux manquants aient dores et déjà été exportés illégalement. José Roy a également expliqué qu’une entreprise espagnole finançait la totalité de l’opération. Il n’a pas voulu divulguer l’identité de cette société, ni celle de l’entreprise mexicaine qui a envoyé les dresseurs.
Profondes blessures
Deux des dauphins capturé sont sérieusement blessés et doivent être séparés des autres au plus tôt. Ils doivent tous bénéficier d’un programme de réhabilitation avant d’être relâchés en pleine mer. Ric O’Barry a rendu son rapport au gouvernement haïtien. Le sort des dauphins est entre les mains des ministres. Il faut une mobilisation de tous pour les convaincre.