Novembre 2014. Plus d’un millier de dauphins, 136 bélugas, 55 orques sont enfermés dans des delphinariums à travers le monde. Qu’ils soient nés libres ou captifs, leur souffrance est la même. Pour ces personnes animales, chaque jour apporte son lot de traumatismes physiques et psychologiques, jusqu’à en mener certains à la folie.
Nés sauvages
Au cœur des océans, des familles sont brisées par l’industrie des loisirs. Malgré la législation en vigueur – on l’a vu avec Morgan – le désir (et le besoin !) des delphinariums de s’approvisionner dans la nature est grand. Parmi les 24 espèces de cétacés détenus en captivité, 23 orques sur les 55 captives (1) et 136 bélugas sur les 164 captifs (2) sont nés sauvages avant d’être enfermés. Beaucoup d’autres n’ont pas survécu à la capture… Les chiffres concernant le grand dauphin sont à donner le vertige. Ils seraient au moins 1500 captifs dont près de 500 rien qu’aux États-Unis et au Canada et 258 en UE. On ne sait pas avec certitude combien ont été capturés ; mais le lien entre l’industrie de la captivité et le terrible massacre de dauphins qui a lieu tous les ans dans la baie de Taiji au Japon est désormais de notoriété publique, après avoir été prouvé par One Voice en 2003.
Des captures violentes
La capture des cétacés est un évènement d’une rare violence et d’une cruauté exacerbée. Elle consiste à pourchasser des animaux sentients et conscients des enjeux, avant d’arracher des jeunes à leur mère et à leur famille. Les captures de dauphins de la baie de Taiji se font dans un bain de sang et dans les cris déchirants des dauphins pris au piège et, destinés au commerce de la viande, égorgés devant leurs proches. Les mères sont séparées de leurs bébés et les plus beaux « spécimens » sont mis de côté pour que les représentants des delphinariums puissent faire leur choix. Vendus environ 30 000 dollars « pièce », ils pérennisent une pêche qui, sinon, ne serait pas rentable. La viande de dauphin, souvent très chargée en mercure, se vend de moins en moins bien…
Transferts et adaptation
Le transfert des cétacés, depuis l’océan ou d’un aquarium à l’autre, est une épreuve particulièrement stressante et douloureuse pour eux. Sortis de l’eau, leurs organes subissent la pesanteur à laquelle ils ne sont pas adaptés. Pour ceux qui sont nés sauvages, il faudra ensuite s’adapter à la présence humaine, à une nourriture morte, à une eau plus chaude et traitée chimiquement, qui brûle continuellement les muqueuses, même celles des individus nés en captivité. Cela est particulièrement difficile pour les bélugas, habitués à des eaux froides pouvant descendre à 0°C.
Survivre entre 4 murs en béton
Dans les delphinariums, les cétacés sont privés de contacts sociaux ou contraints de cohabiter avec des individus qui leur sont étrangers. Parfois, ils sont également obligés de supporter un contact rapproché avec le public au sein des petting pool. La taille et la profondeur des bassins ne leur permettent pas de parcourir les centaines de kilomètres dont leur corps a besoin. Ils ne peuvent pas fuir et des agressions tournent au drame. En dehors du spectacle, ils sont parqués dans des espaces encore plus minuscules. Là, ils sont obligés de tourner en rond ou de flotter, sans bouger, mourant d’ennui, subissant souvent les assauts des moustiques et des rayons du soleil. Ils ont des comportements stéréotypés, mâchouillent les barrières ou les murs en béton, ce qui provoque de graves infections dentaires ; ou même se tapent la tête contre les murs. Ils attrapent des maladies qui ne les affecteraient pas dans la nature, comme des pneumonies ou de l’herpès. Le risque de transmission à l’humain est accru lors des contacts directs avec le public. Pour supporter le stress et les maladies, ils sont donc gavés d’antibiotiques, d’hormones, de pansements gastriques et même parfois de Valium…
La reproduction des cétacés captifs
Les programmes de reproduction n’ont guère de succès et sont basés sur l’insémination artificielle. Dans son rapport de 2011 (3), la WDCS note qu’aucune donnée n’est disponible pour estimer la survie et la reproduction des cétacés captifs en UE. Concernant les grands dauphins, on sait que la mortalité infantile est plus élevée qu’en milieu naturel (Woodley et al., 1997). La population actuelle de cétacés captifs n’est donc pas viable à long terme sans l’apport d’individus nouvellement capturés. Mais cela a également une autre signification. Chaque fausse couche, chaque bébé que sa mère voit mourir est un drame pour elle. Leur répétition est cause de dépression et d’anxiété – au Marineland d’Antibes, Freya a connu 4 fausses couches sur 5 grossesses et, à chaque fois, a montré des signes de dépression. Et lorsqu’un petit survit, il est le plus souvent arraché à sa mère bien avant le sevrage ! Chez les orques, c’est à l’âge de 18 mois ou 2 ans que le jeune devient un élément perturbateur pour le spectacle… Transféré dans un autre parc, sa mère le pleurera et l’appellera durant des jours. Dans la nature, les familles ne se séparent pas. Même les mâles adultes restent proches de leur mère durant toute leur vie. Ces séparations forcées causent une souffrance profonde et durable.
Histoire de dresseurs…
Arrivés dans des delphinariums parce qu’ils étaient passionnés par les cétacés, de nombreux anciens dresseurs avouent en être partis pour la même raison. Contrairement à ce que les parcs voudraient faire croire le dressage n’est pas une histoire de complicité ; mais de faim. Les animaux sont contraints de réaliser le numéro – et de le réaliser correctement ! – pour avoir accès à de la nourriture. Il s’agit d’une pratique non seulement cruelle mais dangereuse car elle engendre beaucoup de stress, voire de l’agressivité et des conflits, y compris entre les animaux. Les dresseurs repentis offrent un témoignage précieux. Parce que, justement, ils les aimaient, ils ont pu observer leur détresse et leur mal-être en captivité. Aujourd’hui, ils s’impliquent pour leur rendre la liberté…
Découvrez notre campagne pour libérer Morgan et pour obtenir le statut de personne animale pour les cétacés !
- Chiffres de 2014, www.orcahome.de/orcastat.
- Chiffres de 2010, Réseau Cétacés.
- Enquête de 2011 sur les zoos de l’Union européenne – Les delphinariums.