Le dauphin est un animal sauvage ! Le détenir captif c’est mettre sa vie en danger. Développant des comportements contre-nature, perdant peu à peu l’utilisation de certains de ses sens, contraint à un régime alimentaire régi par la bonne ou mauvaise conduite… l’animal n’est plus que l’ombre de lui-même en captivité. Seule une observation dans son milieu naturel est à même de remplir le rôle pédagogique et éducatif que s’attribuent nombre de delphinariums.
De l’océan à la prison
Une fois capturés, les dauphins sont transportés avec plus ou moins de soins jusqu’aux delphinariums où ils finiront leurs jours à tourner en rond dans un bassin dénué de toute stimulation. Le stress de ce brusque changement d’environnement va multiplier par 6 le taux de mortalité des animaux au cours des premiers jours de confinement. Certains iront jusqu’à se mutiler en se jetant volontairement sur les parois pour tenter de fuir.
Ils devront cohabiter, de gré ou de force, avec des congénères qui ont subi le même traumatisme. Ceci provoque des problèmes d’agressivité et de compétition alimentaire qui aboutissent le plus souvent à des blessures graves.
La captivité ne peut répondre aux besoins vitaux et sociaux
Aucune condition de captivité ne peut répondre aux besoins vitaux et sociaux d’animaux qui, dans la nature, ne connaissent pas de frontière à leur territoire. Les grands dauphins et les orques, qui sont les plus représentés en captivité, peuvent parcourir plus de 150 Km par jour en milieu naturel, plonger en eaux profondes et nager très rapidement au cours de parties de chasses effectuées en groupe. Ce sont des animaux parfaitement adaptés à la pleine mer et à ses nombreux stimuli. Autant de comportements impossibles à avoir entre quatre murs.
Les dauphins vivent en groupes stables au sein desquels chaque individu possède un rôle bien établi. Ils communiquent de façon complexe grâce à leur sonar naturel et on leur reconnaît même l’utilisation de dialectes. C’est aussi avec l’écholocation qu’ils s’orientent et localisent leurs proies. Mais cette utilisation primordiale du sonar n’est malheureusement plus possible dans des bassins réduits où il n’y a de toute façon rien à chasser.
Victimes de leur intelligence
Leur « docilité » face au dressage est liée à une intelligence qui n’est plus à prouver. Mais c’est cette intelligence qui est aussi responsable de leur mortalité en captivité et de la rareté des naissances. Confinés dans des bassins où ils partagent de gré ou de force la présence d’autres congénères, ils cèdent vite à l’ennui et développent des comportements stéréotypés qui, comme chez n’importe quel animal détenu dans un environnement sous-optimal, peuvent dégénérer en pathologies mortelles.
De plus, un animal stressé ne se reproduit pas en captivité et le cas échéant, le taux de survie du jeune est très faible.
Conditionnement positif et stress alimentaire
Pour exécuter les numéros, les dauphins sont entraînés à réagir à un conditionnement positif. Pour chaque attraction correctement réalisée (signalée par un coup de sifflet), ils reçoivent une récompense alimentaire sous forme de poisson mort. Les animaux sont maintenus dans la perpétuelle attente d’une nourriture distribuée au compte-gouttes. Pour être obéissant, le dauphin doit avoir le ventre vide.
En plus de ce stress alimentaire permanent, les animaux sont amenés à exécuter leur numéro plusieurs fois par jour au milieu d’une foule exprimant bruyamment leur enthousiasme au son d’une sono assourdissante. Mais certains aquariums vont encore plus loin en proposant des spectacles dans des lieux aussi insolites que des casinos ou des discothèques. Les cétacés étant dotés d’une ouïe particulièrement développée, le bruit peut alors devenir une source de douleur importante.
Comportements anormaux
En dehors des spectacles et des séances d’entraînement, les dauphins tournent en rond dans leur bassin vide sans aucune stimulation possible. C’est durant ces périodes que l’on peut observer la présence de comportements stéréotypés liés à l’ennui. Mais ces comportements anormaux ne sont que la partie visible de dysfonctionnements plus profonds, comme des problèmes physiologiques graves qui expliquent, notamment, le taux élevé de mortalité au sein des delphinariums.
Intérêt économique contre pratiques dangereuses
Contrairement à certains pays comme l’Angleterre qui refuse toute implantation de delphinariums, beaucoup d’autres ont saisi l’intérêt économique derrière l’intérêt d’un public en quête d’évasion et d’imaginaire. En plus des spectacles classiques, certains parcs marins proposent, contre rémunération, des séances de nourrissage ou de nage avec les dauphins. Ces pratiques s’avèrent aussi dangereuses pour les humains que pour les animaux. Le public amassé autour des bassins risque des morsures lorsque les animaux, stressés par la foule, se disputent la nourriture et deviennent agressifs. Les dauphins s’exposent, quant à eux, à des risques sanitaires en étant « caressés » toute la journée par des mains différentes.
Une personne qui paye en toute bonne foi pour nourrir les dauphins repart en pensant avoir agi pour leur conservation. Cet amalgame est parfaitement calculé et fait partie du plan marketing de ces entreprises. Mais les dauphins n’ont jamais eu besoin des humains pour se nourrir dans l’océan pas plus qu’ils n’ont besoin de leur contact physique.
Un grand nombre de delphinariums mettent en avant leur rôle éducatif, mais ils ne permettent en aucun cas d’apprendre quoi que ce soit sur l’animal ni sur son écologie. Comment fournir des informations sur le dauphin lorsqu’il a des comportements complètement artificiels dans un environnement qui l’est encore plus ? La nature complexe des cétacés ne peut être appréhendée dans des bassins.
Dérives du phénomène
Les dauphins attirent les foules et rapportent de l’argent. Certains l’ont bien compris et vont jusqu’à prêter aux dauphins des pouvoirs de guérisseurs mystiques. C’est ainsi que se développent de plus en plus de centres de « delphinothérapie » au sein desquels des personnes malades viennent chercher la guérison. Pourtant, aucune étude scientifique n’a, jusqu’à présent, pu prouver un quelconque effet positif de ces « thérapies ». Les dauphins ne semblent pas avoir plus d’effets sur l’autisme que la présence de chiens ou de chevaux. Pourquoi asservir des animaux sauvages alors que ces pratiques demeurent dangereuses pour l’homme et l’animal ?
La nature complexe des cétacés ne peut être appréhendée dans des bassins