70 000 $ dollars d’amende pour avoir importé illégalement des dauphins en provenance de Cuba. Telle est la sanction plutôt salée qui a été infligée par le Trésor Américain au propriétaire d’un delphinarium, Graham Simpson. Certes, l’homme ne s’est pas fait épingler pour avoir prélevé des animaux dans la nature, mais pour avoir violé l’embargo imposé par les Etats-Unis à Cuba. Mais il n’en demeure pas moins que cette décision pourrait sonner le glas des captures de dauphins dans les eaux cubaines.
45.000 $, le prix d’un dauphin
L’homme a été reconnu coupable d’avoir illégalement importé six dauphins cubains pour les exposer dans ses bases de loisirs d’Anguilla et d’Antigua dans la mer des Caraïbes. Dans une interview parue en 1992, dans un journal local, il avait expliqué s’être rendu à Cuba avec un passeport britannique et avoir réglé une facture de 45 000 $ par animal. Selon lui, rien d’anormal dans la procédure : « je me vois comme un citoyen anglais, vivant depuis trois ans à Anguilla. Cette île n’a pas d’embargo contre Cuba. Donc, il n’y a rien à redire », expliquait-il. Venant d’Afrique-du-Sud, il avait par la suite été naturalisé américain.
Cuba principal exportateur
Cuba est depuis des années un des principaux pays exportateurs de dauphins. Au cours des dix dernières années, une centaine de ces mammifères marins auraient été expédiés vers des parcs de la mer des Caraïbes. Comme aucune législation ne régit ce type de commerce dans l’île, les défenseurs des animaux, comme One Voice, ont décidé d’attaquer sur le terrain de la violation de l’embargo. Car Simpson n’est pas un cas unique dans le milieu des exploitants de parcs de dauphins. De nombreux autres américains se sont livrés au même type d’agissement illégal.
Plaque tournante
Ainsi, Simpson a revendu, ultérieurement des animaux à une autre base nautique, le « Dolphin Discovery » à Cancun, au Mexique. Ce centre est également tenu par des Américains qui pourraient eux aussi être poursuivis. Une enquête mené par Ric O’Barry, l’ancien dresseur de Flipper le dauphin, aujourd’hui reconverti dans la protection des mammifères marins pour le compte de One Voice, montre en effet qu’au moins 33 dauphins ont été acheminés depuis Cuba vers ce centre, si ce n’est pas 70 depuis l’année 1994. Il aurait servi de plaque tournante pour alimenter d’autres parcs dans les Caraïbes. En fait, il n’est pas rare que des investisseurs américains se cachent derrière des sociétés écrans pour contourner l’embargo et importer des dauphins en violation de la loi.
150 $ pour nager une demi-heure avec un cétacé
Il est vrai que pour eux, l’affaire est plus que rentable. Ils font payer 150 $ à leurs clients pour avoir le plaisir de nager en compagnie d’un dauphin durant une demi-heure. A ce tarif, les profits sont importants. Un dauphin peut ainsi rapporter de 40.000 à 70.000 $ (de 32.000 à 56.000 €).
Campagne dans les îles Caraïbes
Les centres marins de nage en compagnie de dauphins croissent à un rythme alarmant dans les Caraïbes. Leur cible : des touristes prêts à payer le prix fort pour s’approcher au plus près de cet animal exotique. Les compagnies de croisières jouent un rôle important dans l’augmentation du tourisme dans cette région. Les seules Caraïbes draineraient environ 50 % du marché mondial. Les centres de nage en compagnie de dauphins apparaissent comme un moyen facile de se faire de l’argent dans ce contexte. Il en ainsi été créé à Cuba, aux Bahamas, en Jamaïque, aux îles Bermudes, au Mexique, au Venezuela, au Honduras et en République Dominicaine.
Un million de touristes
Depuis 2001, d’autres centres se sont implantés dans les Antilles néerlandaises, à Anguilla, à Tortola et en Antigua-et-Barbuda. De surcroît, la société « Dolphin Discovery » projette d’en créer un autre dans les Iles Caïman qui attirent un million de croisiéristes par an. Le gouvernement de ce pays a d’ores et déjà décidé de permettre l’importation de dauphins. Or, ces animaux sont les dauphins cubains qui ont été achetés illégalement par des citoyens américains.
Faire cesser le trafic
One Voice mène actuellement campagne pour que les Caraïbes renoncent à ces centres nautiques. Pour Muriel Arnal, présidente de One Voice, le temps est à l’action. « Nous devons faire cesser l’expansion de ces activités ainsi que le trafic de dauphins en provenance de Cuba ».